Je suis la gardienne de tous les trépassés
Des héros comme des couards, je fais mémoire
Je veille éternellement sur notre passé
Hommes et femmes qui bâtirent notre histoire
Aux tombes délaissées va ma préférence
Celles dont les parents ne font plus souvenance
Sans fleurs et sans soupirs, autel du silence
Saison de l'abandon et de la déchéance
Quand l'oubli ou le temps efface le grimoire
Qui conte du défunt amours et désespoirs
De loin en loin s'éloignent les voeux oratoires
Il ne reste que moi en guise d'encensoir
L'affliction emportée et le deuil achevé
Le temps a eu raison du lugubre auditoire
Les regrets délavés, toutes les fleurs fanées
Et les parfums gréés en volutes d'un soir
Ames flottant ainsi dans la paix retrouvée